Vos habitudes de jeu commencent-elles à
Le fait d’éprouver des sentiments mitigés, comme de la frustration ou de l’anxiété, lorsque vous jouez ou pensez au jeu peut être un signe avant-coureur que vous devriez possiblement évaluer vos habitudes de jeu. Si, pour une raison ou une autre, le jeu, qui autrefois vous amusait, vous rend maintenant anxieux ou simplement mal, vous pourriez être soulagé de savoir qu’il existe de nombreuses solutions pour soutenir votre désir de changement. Souvenez-vous, vous n’êtes pas seul.
Reconnaître les signes
Le fait d’être conscient de ces signes peut vous aider à reconnaître le moment opportun pour chercher de l’aide.
Vous vous sentez coupable, anxieux, frustré ou inquiet à propos de vos habitudes de jeu.
Vous ressentez une exaltation extrême lorsque vous gagnez au jeu, et une déception ou un vide énorme lorsque vous perdez.
Vous êtes plus facilement irritable ou vous avez moins de patience pour les activités quotidiennes normales.
Vous pensez au jeu ou en parlez plus qu’à l’habitude.
Vous jouez plus afin de regagner vos pertes.
Si ces signes vous sont familiers, il est peut-être temps de penser à vos habitudes de jeu et d’envisager de demander de l’aide. Vous pouvez aussi mesurer vos habitudes de jeu en répondant à ce court questionnaire.

Vous vous sentez coupable, anxieux, frustré ou inquiet à propos de vos habitudes de jeu.

Vous pensez ou parlez du jeu plus qu’à l’habitude.

Vous jouez plus afin de regagner vos pertes.

Vous ressentez une exaltation extrême lorsque vous gagnez au jeu, et une déception ou un vide énorme lorsque vous perdez.
Vous êtes plus facilement irritable ou vous avez moins de patience pour les activités quotidiennes normales.
Si ces signes vous sont familiers, il est peut-être temps de penser à vos habitudes de jeu et d’envisager de demander de l’aide.
Ce que vous pouvez faire pour changer vos habitudes de jeu
”N’ayez pas peur de demander de l’aide. Mais dans les faits, il n’y a que vous qui pouvez amorcer ce changement. Si vous ne croyez pas que vous avez un problème, vous ne changerez pas.
–Carolina, joueuse problématique en voie de guérison
J’ai quitté l’Amérique centrale pour venir au Canada, il y a 35 ans. J’étais la personne la plus heureuse au monde. J’ai laissé derrière moi tout ce que j’aimais, mais j’étais prête pour un nouveau début. Une nouvelle aventure.
Juste après notre mariage, mon mari et moi avons lancé une entreprise dans le sud de l’Ontario. Ç’a été un grand succès. Quand nos enfants étaient petits, je restais à la maison tandis que mon mari passait de longues heures à l’entreprise. Nous avions le sentiment d’être productifs et heureux.
Plus les enfants grandissaient, plus mon mari passait du temps à l’entreprise, et je me retrouvais avec beaucoup de temps libre. Et parce que je ne parlais pas très bien anglais, je me suis sentie isolée. J’ai commencé à aller au casino chaque semaine pour m’occuper un peu. Là, je pouvais être à l’extérieur de la maison sans avoir à parler à qui que ce soit. Puis j’y suis allée de plus en plus souvent, toujours seule. Parfois, je ne rentrais pas à la maison avant 2 ou 3 heures du matin. Mon mari s’inquiétait beaucoup pour moi, mais c’est un homme calme et doux alors il ne tentait pas de m’empêcher d’y aller. Au lieu de cela, il me demandait calmement combien j’avais perdu. J’ai toujours menti. Au début, j’y allais avec 200 $, et ce n’était pas assez. J’y suis ensuite allée avec 500 $. Et après, je me suis mise à retirer 1 500 $ sur ma carte de crédit.
J’étais très superstitieuse. Je m’assurais d’être au casino le 7 de chaque mois. Je n’entrais jamais au casino à 18 h, car c’est une heure qui porte malchance. Aujourd’hui, je ris en pensant à la tournure complexe que prenaient mes visites au casino, mais c’est aussi très troublant. Je croyais que si j’appuyais sur le bouton de la machine à sous sur le coup de minuit, je gagnerais des millions. Et j’adorais aller au casino les samedis et les lundis, car j’étais convaincue que les machines à sous déborderaient de l’argent misé les vendredis et dimanches soir. De plus, je ne serais jamais entrée au casino sans ma collection de porte-bonheur. Chacun avait une mission à accomplir. Par exemple, ma breloque de piment rouge bloquait les ondes négatives que pouvaient m’envoyer les gens envieux qui attendaient que je quitte ma machine. Aujourd’hui, je réalise à quel point ces croyances étaient fausses.
Mon fils s’inquiétait tellement pour moi – je passais à travers nos économies à une vitesse ahurissante. J’étais toujours seule au casino. Mon fils a cru que s’il m’achetait une machine à sous jouet, je jouerais à la maison, en toute sécurité. Ça nous a plutôt joué des tours… car si je gagnais avec cette petite machine, je prenais ça comme un signe pour aller au casino.
J’en étais à mes trois derniers billets de 100 $, mais j’étais incapable de partir. Je voulais tout perdre, c’était la seule façon pour moi de rentrer à la maison et de dormir. Je savais que j’avais besoin d’aide, mais je ne voulais pas arrêter de jouer complètement. Ma première étape a été d’appeler la Ligne ontarienne d’aide sur le jeu problématique, et là, on m’a aidée à prendre rendez-vous avec un organisme de soins. À ce moment-là, je continuais d’aller au casino, mais je m’étais fixée une date limite pour cesser d’y aller, une date très spéciale pour moi. À ma dernière visite, j’avais emporté 700 $ et j’ai tout perdu.
Si vous traversez ce que j’ai vécu, n’ayez pas peur de demander de l’aide. Mais dans les faits, il n’y a que vous qui pouvez amorcer ce changement. Si vous ne croyez pas que vous avez un problème, vous ne changerez pas. Encore aujourd’hui, je lutte chaque jour contre mes envies de jouer. Ce que j’ai infligé à ma famille et la dette que j’ai accumulée pèsent lourd sur moi. J’ai honte parce que j’ai perdu tout ce que mon mari et moi avons gagné en travaillant si dur. Mais quand je rencontre mon conseiller, et aussi en ce moment, alors que je vous partage mon histoire, je me sens soulagée d’en parler et de faire face à la vérité.
J’espère que quelqu’un dans une situation semblable à la mienne pensera à mon histoire et arrêtera de jouer. Il n’est jamais trop tard. J’ai tellement perdu, mais j’ai le sentiment de pouvoir économiser de nouveau et de recommencer à zéro. Vous le pouvez aussi.
–Carolina, joueuse problématique en voie de guérison
”Vous serez surpris par le nombre de personnes qui vous aideront. Peu importe à quel point vous êtes rendu bas, peu importe à quel point votre vie a été rongée par le jeu, il n’y a rien d’irréversible.
–Jason, joueur problématique en voie de guérison
Une fois tous les deux mois, ma copine et moi allions au casino et nous jouions au Blackjack. Nous emportions chacun 200 $ et quand c’était fini, que ce soit deux minutes ou deux heures plus tard, nous partions.
Puis, j’ai commencé à y aller seul. Le week-end, je me réveillais tôt pour avoir plus de temps pour jouer. J’ai remis à plus tard les corvées et les courses, préférant plutôt aller au casino. J’évitais ma famille et mes amis. À la table de jeu, je misais de plus en plus pour tenter de regagner ce que j’avais perdu. Le jeu n’était plus un passe-temps. Dans mon esprit, c’était une activité commerciale.
Le jeu est devenu mon monde. J’allais au casino directement après le travail avec 2 000 $ ou 3 000 $ dans mes poches, et j’y restais jusqu’au lendemain matin. J’avais du mal à rester éveillé. Je passais huit heures au travail et je recommençais de nouveau le lendemain. Je dormais pendant l’heure du dîner ou chaque fois que je pouvais m’arrêter sur le bord de l’autoroute. C’était dangereux et, quand j’y repense, je suis reconnaissant de n’avoir jamais causé d’accident.
Aussi ironique que ça puisse paraître, le jeu me donnait à l’origine un sentiment de contrôle. L’idée que mon destin (gagner ou perdre) soit basé uniquement sur les décisions que je prenais à la table m’emballait. Par la suite, c’est devenu mon échappatoire. Quand j’étais stressé par le travail ou par des frictions dans mes relations, je me tournais vers le jeu pour me vider l’esprit.
Un samedi matin, je suis rentré à la maison après une nuit à jouer et je n’arrivais pas à m’endormir. Je suis resté éveillé dans mon lit et j’ai commencé à penser à où j’étais rendu dans la vie. J’ai songé à toutes les relations que j’avais mises à l’épreuve ou brisées, et aux gens que je ne pouvais plus regarder dans les yeux. Je pensais à tout ce dont j’avais été fier, tout ce qui faisait de moi celui que j’étais : un bon frère, un bon fils, un bon ami, quelqu’un de fiable et responsable, vers qui les autres pouvaient se tourner.
J’ai constaté que j’avais tout perdu. J’avais perdu des choses que l’argent ne pouvait pas remplacer, des choses qui me définissaient en tant que personne. J’avais perdu mon essence propre. Ce fut le jour le plus triste de ma vie et je m’en souviendrai toujours. Quelques heures plus tard, j’ai appelé ma sœur et tout ce que j’ai réussi à lui dire a été : “Il faut que j’arrête !”
Le fait d’admettre et ensuite d’affronter mon problème de jeu a été parmi les choses les plus difficiles que j’ai eu à faire. Je ne vous mentirai pas : ce ne sera pas facile, mais il y a de l’espoir. Si vous vivez une situation semblable à la mienne, il est fort probable que vous éprouviez une solitude si lourde et si sombre que vous avez l’impression que vous ne pourrez jamais vous en sortir. La vérité c’est que vous n’êtes pas seul. La première étape vous appartient entièrement, mais par la suite, vous serez surpris par le nombre de personnes qui vous aideront. Peu importe à quel point vous êtes rendu bas, peu importe à quel point votre vie a été rongée par le jeu, il n’y a rien d’irréversible.
–Jason, joueur problématique en voie de guérison
”J’ai jonglé avec l’argent, les comptes bancaires, je prenais la carte de crédit de mon mari, je mentais et je plaçais mes bijoux en gage. Mon mari m’a demandé pourquoi je ne portais pas mon alliance. Je lui ai dit que je faisais de l’eczéma. La déception que j’ai vue dans son regard m’a fait réaliser que je devais arrêter de jouer.
–Sandra, joueuse problématique en voie de guérison
J’ai grandi en jouant aux cartes à la table de la salle à manger. Les enjeux étaient bas, principalement des pièces d’un sou et de 5 cents. Le jeu avait toujours des associations positives pour moi : du bon temps et des souvenirs chaleureux avec ma famille. Et durant une grande partie de ma vie d’adulte, le jeu n’a pas été un problème.
Puis, lorsqu’on a offert un excellent travail à mon mari, de l’autre côté de la province, j’ai détesté devoir déménager. Je n’arrivais pas à trouver du travail dans mon domaine et je me sentais piégée. J’avais tellement de ressentiment. J’ai commencé à jouer au bingo une ou deux fois par semaine. Quand je surveillais mes cartes de jeu, je ne pensais à rien d’autre. Je me suis donc réfugiée dans le jeu quand les choses se sont compliquées.
Mon sentiment de négativité pour la vie en général a atteint un point culminant avec deux terribles accidents qui se sont produits à deux ans d’intervalle. Après le premier accident, je suis restée affectée physiquement et émotionnellement. Puis, mon mari a été impliqué dans un accident. Ma voiture était une perte totale. Cette voiture était le symbole de mon indépendance; je l’avais achetée après m’être séparée de mon premier mari, et elle était détruite. J’étais soulagée que mon mari aille bien, mais j’étais aussi en colère et je me sentais coupable de me sentir ainsi. Dans cet état d’esprit, je suis allée chercher mon mari sur les lieux de l’accident, je l’ai ramené à la maison puis j’ai filé directement à la salle de bingo. L’accident a été le point de départ d’une période de quatre ans au cours de laquelle j’ai joué au bingo tous les jours. Si je perdais, il y avait certainement quelque chose qui n’allait pas avec le boulier – les chiffres ne sortaient pas correctement. J’y retournais tous les jours, espérant récupérer l’argent perdu. Évidemment, ça ne s’est jamais produit.
Au bout de quatre ans, j’avais accumulé une dette de 88 000 $. Je n’avais pas d’autre choix que d’arrêter de jouer. J’ai joint les Joueurs anonymes et je me suis inscrite à un programme de soins de 12 semaines. J’ai réglé ma dette et j’ai repris une vie normale. En fait, j’allais si bien que je croyais être prête et capable de passer une soirée au casino. J’ai découvert les machines à sous… et le tourbillon a repris de plus belle.
Le jeu problématique rongeait mon estime de soi et me brimait de tout ce que j’aimais chez moi. Avec ma dépendance, une comédienne est née. J’ai jonglé avec l’argent, les comptes bancaires, je prenais la carte de crédit de mon mari, je mentais et je plaçais mes bijoux en gage. Mon mari m’a demandé pourquoi je ne portais pas mon alliance. Je lui ai dit que je faisais de l’eczéma. La déception que j’ai vue dans son regard m’a fait réaliser que je devais arrêter de jouer. L’une des dernières fois que j’ai joué, mes sœurs m’avaient sortie pour mon anniversaire. J’ai prétendu ne pas être allée au casino depuis des années. En réalité, j’y étais moins de 24 heures plus tôt. Je leur ai monté un bateau : j’ai utilisé cette soirée spéciale comme une excuse pour jouer. Je savais que ça devait cesser.
Je suis retournée aux Joueurs anonymes et j’ai commencé à me lier avec d’autres joueurs à problèmes. Il faut beaucoup de temps pour s’en sortir. Je vivais énormément de colère. De la colère parce que je ne pouvais plus jouer, et de la colère contre moi-même. Toutes les raisons qui nourrissaient mon besoin de jouer, que ce soit les disputes, les peurs ou les déceptions, tout ça est toujours là. Mais maintenant, je trouve d’autres moyens pour passer à travers. Quand on descend dans les bas-fonds d’une dépendance, il n’y a rien d’autre qui existe. C’est un peu comme quand on s’écrase le nez dans un miroir, on ne peut rien voir. C’est lorsqu’on prend un pas de recul qu’on peut voir le monde de nouveau. Aujourd’hui, je peux clairement le voir.
–Sandra, joueuse problématique en voie de guérison